1951  :  LES  50  ANS  DE  LA  FANFARE 
 
                                     
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L'Harmonie Suménoise le jour du cinquantenaire






1: BROUAT Aime                                   2: DUCROS                            3: TRIAIRE
4: ACCARIES "Le Sanglier"                 5: HUGON                              6: LAGET
7: "POURTILLE"                                    9: MICHEL Jean                  10: ESPAZE Pierre
11: LAGET                                           12: ESPAZE Fernand            13: LAGET
14: TOUREILLE "La Pataran"           15: DURANT                           16: TOUREILLE Marcel
17: BRESSON                                    18: "Poutchette"                      19: MASSAL Rolland
20: DUCROS "La Louise"                 21: TEULADE                          22: TOUREILLE Germain
 
(Merci à F.B pour la liste de noms)
 
     

 
 
Le menu du Cinquantenaire en mai 1951




 




 






Le discours




SUMENE 12 mai 1951
Cinquantenaire de la Société Musicale "LA SUMENOISE"

 

Je suis ici à plus d'un titre. Mais ce qui me donne le plus de droits, c'est encore votre bienveillance !
Je n'oublie pas, pourtant, que j'ai été, à huit ans, un des premiers tambours de "la Sumènoise" et' à ce titre, je puis me permettre sans doute de "battre le rappel"… le rappel des souvenirs !
Je dis : "mes chers amis" à tous, même aux plus jeunes qui ne me connaissent pas ; mais moi, je les connais ou les reconnais. J'ai vécu longtemps avec leurs parents ou leurs grands-parents et je retrouve souvent, sur leurs jeunes visages, les mêmes traits de leurs ascendants.
Ainsi, je me sens un peu chez moi, chez vous ! des souvenirs nombreux me relient à vos physionomies sympathiques.

Je puis dire "mes chers amis" parce que, ce qui fait l'homme, c'est non seulement son héritage physique dont je viens de parler mais aussi surtout l'ensemble des influences morales qui ont agi sur le développement de sa personne. Et nous sommes de la même formation.
Comme vous, à l'ombre du vieux clocher, j'ai contemplé longtemps le Ranc de Banes altier et dur, la Fage sauvage et sévère et nos autres montagnes où tant de générations relevant inlassablement les terres des "traversiers" jusqu'aux plus hautes cimes par des murs aux longueurs inimaginables, ont, pendant des siècles, courageusement arraché du sol, de quoi vivre…
Comme vous, j'ai vu tous vos parents rechercher ailleurs le complément de biens que le sol refuse et, à force d'attention et d'efforts, réaliser des chefs d'œuvre délicats de toilette ou du matériel solide pour les viticulteurs, ou bien encore, tirer du fond des montagnes le charbon, jusqu'à présent indispensable aux machines.

Je suis, comme vous, le témoin de cette lutte incessante, ici très rude, de la terre avare et de l'homme. Je suis, comme vous, le fils des travaux exigeants… mais pas toujours récompensés !
Cette constance des générations dans le travail a déterminé, sans doute, la physionomie morale. Il y a ici, en particulier, une sagesse, une pondération qui ne s'observent pas ailleurs à un même degré ; une sagesse selon laquelle l'effort et le résultat ne s'obtiennent pas avec des mots mais avec des actes ; une sagesse qui subordonne l'homme aux lois naturelles avec lesquelles il faut compter et qui font comprendre et accepter les lois morales.

D'un autre côté, nous appartenons à une localité bien délimitée dans ses montagnes comme rarement il s'en trouve. On ne peut pas voir SUMENE de loin : il faut y venir, il faut y entrer comme dans une habitation. Et de même qu'en franchissant le seuil d'une habitation on est admis dans l'intimité de ceux qui l'habitent, de même quand on arrive dans SUMENE, on trouve auprès des habitants une cordialité, une amabilité qui étonnent d'abord ceux qui ne savent pas et qui retient souvent ceux qui ne devaient que passer…
A ce sujet, je me remémore la parole que m'adressait l'un des vôtres qui, hélas, comme bien d'autres n'est plus, M l'Abbé REBOUL, parole qui résume bien ce que je viens de vous dire et qui terminait, il y a bien des années, une conversation sur SUMENE : "SUMENE, c'est une famille élargie"

Après les compliments bien sincères, et surtout mérités, que je viens de faire de SUMENE, vous ne serez pas surpris, mon Cher Président, mes chers amis, que je vous dise toute la joie et toute l'émotion que j'éprouve à me trouver dans l'atmosphère cordiale et familiale de votre réunion d'aujourd'hui.
Je vous en remercie et vous en suis reconnaissant au-delà de toute expression.
Si j'ai dit du bien de SUMENE, que dire alors de votre société musicale qui en est le reflet, la synthèse, pour ainsi dire l'âme, et sans qui, véritablement, notre ville ne serait pas entièrement ce qu'elle est.
Vous êtes depuis 50 ans les hommes dévoués, les mainteneurs des qualités et traditions suménoises : animateurs et interprètes de la cité dans les cérémonies locales civiles ou religieuses, pour les fêtes ou pour les deuils.
Je ne vous en félicite pas comme un esprit superficiel qui n'apprécie que l'éclat de vos défilés et l'harmonie de vos concerts. Je vous en félicite aussi en songeant à la ténacité, à la patience, à l'effort qu'il faut pour préparer, dans les répétitions du soir, après le travail de la journée, les manifestations artistiques que vous nous donnez.
La musique est une preuve de goût. Mais votre assiduité est une preuve de volonté, d'altruisme et de générosité pour vos compatriotes.
Je vous ai remercié du plaisir que vous me faites en m'appelant, ici, aujourd'hui. Soyons précis, c'est un honneur.
Honneur d'être l'invité d'un groupement aussi méritant que le vôtre ; honneur aussi, parce que vous avez la délicatesse, me choisissant, de voir en moi le représentant de celui qui ne peut plus venir.
Il ne peut plus venir ! mais il est quand même présent parmi nous aujourd'hui, de plus loin, de plus haut et puis, je le sais aussi dans vos cœurs.

Si votre fondateur et premier Président pouvait parler, il vous féliciterait d'avoir continué si valeureusement, à travers tous les obstacles, et, malgré deux guerres effroyables, l'effort du début. Avec quelle émotion, il retrouverait les plus anciens. Avec quelle émotion, il féliciterait celui qui continue sa tâche. Avec quelle émotion, il saluerait la jeunesse qui monte pour maintenir son œuvre.
Permettez-moi de vous assurer que, durant sa vie, il n'a jamais oublié "ses jeunes gens de SUMENE", selon sa propre expression, à laquelle les ans donnent un sens un peu attristant, et que sa plus grande peine était d'en être séparé…
Vous le lui avez bien rendu vous autres… quand il est revenu ici, pour toujours… c'est dans vos bras fraternels qu'il a été accueilli et porté…
Il jugeait de tout par rapport à ses "musiciens". Je me rappelle que, partant au front en 1914, il disait "J'ai toujours parlé de patriotisme, maintenant je donne l'exemple, je pars le premier". Et si je ne me trompe, il a été le premier grand blessé de SUMENE en décembre 1914.
Il est vrai aussi qu'il avait près de lui d'autres suménois valeureux et que d'autres ont payé, plus lourdement encore.
Je voudrais les nommer tous. La Suménoise a perdu plusieurs de ses membres: LAPORTE, par exemple, que je me rappelle bien parce que c'est près de mon poste de combat qu'il a été tué à Verdun.
Nous avons rendu hommage à tous ces héros, ce matin, en attendant de le faire plus spécialement pour la Sainte Cécile.

Nous ne devons pas oublier non plus aujourd'hui nos vieux instructeurs du début : messieurs BORI, SALANCON, Pierre CHABAUD, SABY.
Pierre CHABAUD mérite une attention spéciale. Il n'était pas suménois. Comme je vous le disais tout à l'heure, il était de ceux qui le sont devenus. Il avait traversé beaucoup de villes, petites et grandes, en France et aussi hors de France. Un jour, passant à SUMENE, gagné par l'ambiance de ce pays, il s'y était fixé, lui et sa femme. Tous les anciens de la Suménoise savent quel dévouement on lui doit.
Je salue également la mémoire d'un autre suménois, d'adoption aussi, bienfaiteur de votre musique. Il connaissait le monde entier et le monde entier, l'Angleterre surtout, le connaissait aussi. Il connaissait le monde entier, dis-je, et c'était pourtant SUMENE qu'il préférait et votre société musicale qu'il aimait bien et qu'il encourageait. Vous comprenez que je parle du Général MARCHAND.
Il y a, peut être, un peu de tristesse à jeter ainsi un regard en arrière. Jetons-le avec sérénité en nous rappelant, spiritualistes que nous sommes, les beaux vers de Sully-Prudhomme que je classe parmi les meilleurs :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux
Des yeux sans ombre ont vu l'aurore
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore

Ah ! qu'ils aient perdu le regard
Non, non ! cela n'est pas possible

Comme les astres penchants
Nous quittent mais au ciel demeurent
Les prunelles ont leur couchant
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux
Ouverts à quelque immense aurore
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.

Après avoir évoqué le passé, permettez-moi de saluer l'avenir en levant mon verre à la santé de vous tous ici et de vos familles, à la prospérité de votre musique , jointe à celle de SUMENE.
Et n'attendez pas de moi d'autres remerciements : quelle que soit la manière de m'exprimer, pour vous dire ce que je ressens je n'y arriverai jamais…
G.J




A l'occasion du cinquantenaire de l'Harmonie Suménoise, Henri Toureille, poète de circonstance, a composé ces quatrains qui nous évoquent des figures populaires aujourd'hui disparues...





 

EPILOGUE DE LA CELEBRATION DU CINQUANTENAIRE
DE L' HARMONIE SUMENOISE



Puisqu'en mai, nous fêtions ce beau cinquantenaire
Qui fût, pour l'harmonie, un fait très glorieux,
Aujourd'hui acclamons, de façon exemplaire
Ceux qu'on va décorer, ici, devant nos yeux.

Puisque dans le passé, vous fûtes à la peine
C'est pour nous une joie de vous voir à l'honneur
Pour vous le dévouement ne fut pas une gêne
Vous l'avez pratiqué toujours avec ardeur.

Vous avez pu ainsi, en vous montrant tenaces
Encourager, souvent, les jeunes débutants
Aidés, par vos conseils, parfois trés efficaces
Vous avez entraîné aussi les hésitants.

Oui, pendant cinquante ans, vous sûtes faire preuve
De bonne volonté et de grand dévouement
Le succès a fini par couronner votre oeuvre
L'on vous en remercie bien chaleureusement.

Parmi ces vétérans formant cette cohorte
Je citerai d'abord Valette le premier,
Après lui Chevalier, Toureille et Laporte,
Ducros, Hugon Léon, Chaze et Lafabrier.

Jeunes c'est pour vous tous, que leurs noms je vous cite
Ils sont là devant vous, satisfaits et joyeux
Sur ces vieux musiciens, réglez votre conduite
Si vous les imitez vous en serez heureux.

Suivez leurs bons conseils, mettez-les en pratique
Marchez dans les sentiers tracés par vos aînés
Jeunes de l'harmonie, et jeunes de la clique,
De vos propres progrés, vous serez étonnés.

En fêtant aujourd'hui votre sainte patronne
Qui avait pour cet art une prédilection
Demandez-lui, surtout, qu'à tous elle vous donne
Pour cela de l'ardeur et de l'abnégation.

Vous avez devant vous un exemple fidèle
De ceux qui autrefois furent des apprentis
Pour leur société on les vit pleins de zèle
De cette monnaie là ils sont encore nantis.

Henri Toureille
Sumène 1951


 

Articles de journaux - Le cinquantenaire de la Fanfare







 
 



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